11.06.2019
Rallye du Chablais 2019 - ERT - ERRC
Il y a 15 ans, la 1ère édition du Rallye du Chablais s’effectuait le 1er week-end de juillet. Après avoir vu une annonce de demande de renfort sécurité dans le quotidien valaisan, je m’étais avancé, car étant attiré par ce qui touche à la sécurité, c’était là une occasion de pouvoir en faire concrètement. Ne connaissant absolument rien au milieu, j’étais loin de m’imaginer que mon chemin allait ainsi évoluer.
Cette 16e édition, pour une seconde de suite sur les hauts de Montreux, s’annonçait pour moi dans les mêmes bases que l’an passé, en attente de certaines confirmations. Contrairement aux prévisions, l’ES des Avants ne sera pas rallongée, la route du Pont de Pierre ayant demandé des travaux de consolidation aussi bien l’automne passé que durant tout cet été. Par contre, une modification interviendra tout de même… Mon 1er adjoint, comme souvent lorsque j’en tiens un qui fonctionne bien, a été muté sur l’ES de Champéry pour la reprendre. Pour les autres, un 3e adjoint n’était pas indispensable, alors que mon second avait quasiment re-signé, mais a eu une opportunité sur une manifestation à l’étranger ; aucun soucis, mais on a juste oublié de m’en faire part… Du coup, les recherches pour compléter, enfin… créer l’équipe, ont été quelque peu tardives. Je serais finalement accompagné d’une personne ayant déjà fonctionnée à mes côtés au Valais, ainsi que notre aide du Crité, anciennement sur une autre ES. Pour le samedi, rebelote confiance du Directeur de Course pour une 2e édition comme Starter à la Super ES de Collonges, qui après 4 éditions rechange de sens ; un job un peu plus cool, mais non moins très important, et qui me convient assez bien.
Côté FIA, si le rallye est candidat pour l’ > European Historic Sporting Rally Championship < , il est pour la 3e année dans l’European Rally Trophy, et entre pour une 1ère Suisse, dans l’Electric and New Energy Championship catégorie E-Rally Regularity Cup, ouvert aussi bien en régularité qu’en consommation. De quoi perturber et/ou faire sourire les spectateurs s’ils n’ont pas eu l’explicatif ou compris le principe. Bien que considérée comme une compétition séparée, les épreuves empruntées étant les mêmes que pour les autres, bien que réduites au niveau des passages pour des questions de capacité énergétique, le dispositif sécurité reste identique, avec 2 adaptations nous concernant. Tout d’abord les pointages ; si au CH et au DES rien ne change, au STOP il s’agit pour eux, avec l’ajout du panneau en question, d’un CP (Contrôle de Passage) où aucun temps ne leur est donné, puisqu’en plus, sur le parcours, sont dissimulés des capteurs afin de récolter les temps de passage, pour contrôler le respect des moyennes. Un système apparemment efficace, remplaçant ainsi un chronométreur qui n’est pas facile à cacher et/ou à placer selon les endroits, et précis à volonté. Ce système devrait également être repris à l’Alpine Challenge. Second élément, le DES, le STOP, les postes SARA, ainsi que certains intervenants mobiles, seront munis de gants diélectriques, soit isolants ; si l’ASS n’a pas de procédure fixe sur ce sujet complexe, aussi bien au niveau compétition que régularité, elle a établi un mémo de rappel et de comportement, afin d’éviter un sur-accident, surtout si un de ces véhicules était victime d’une sortie de route.
Lors de la visite sur le terrain, qui n’a pu être effectuée que 3 semaines avant, dû à l’ouverture de la route toujours tardive, rien à signaler, mise à part de grosses coupes de bois qui ont occasionnées quelques dégâts à la route, mais heureusement réparée avant même les reconnaissances. Pour ces dernières, il a été posé flèches, mini-panneaux de poste, banderolages d’avertissement, et une bonne série de cordes, le tout au moyen de 25 piquets, en un temps de 3h et demi, soit 1h de moins que l’an passé, vu que le terrain et ses besoins sont à présent connus. Puis… les complications… Un jour férié c’est bien, mais ça pose des soucis quand les responsables d’ES sont à l’opposé, et du local mat, et du fournisseur de bus, et de l’ES elle-même… Ce qui devrait occasionner quelques trajets et heures perdues… La prise du bus doit donc être effectuée le mercredi après-midi, alors que j’ai pour le job, des relevés de chantier à faire impérativement. De plus, je devrai le conduire moi-même car ma 1ère adjointe n’est pas très enthousiasmée de le prendre sur une telle ES de type talus-talus. Son copain, adjoint sur une autre ES, a sympathiquement profité de prendre nos clefs, et s’est même proposé pour effectuer la récupération du matériel après l’ES, soit après son propre montage d’ES ; top ! et donc le 1er problème allégé, car si on ne peut pas commencé avant la fin du débriefing commissaire, en estimant à 30-40 minutes aux plus éloignés pour revenir au point de rendez-vous, on risque de finir bien plus tard que l’an passé, soit le lendemain… Second soucis, je pourrais être seul pour rendre le matériel et le bus samedi matin avant d’aller sur la Super ES, il faut donc prévoir que ma voiture soit au bon endroit… alors que nous ne savons pas encore où et quand nous devrons retourner les bus, suite à des soucis de gens du voyage… Tous ces imprévus décalent en quelque sorte mes points de repère, importants au bon déroulement du montage comme de l’exploitation, notamment vis-à-vis de mon matériel personnel, ainsi que celui qui est chez moi, soit dossiers et lots commissaires, et il ne faut rien oublier, avec cette inhabituelle impression d’être à la fois chef d’ES et adjoint.
Au niveau effectif commissaires, 3 semaines avant, les chiffres étaient en baisse, mais ont heureusement très vite évolués. Du coup, ma répartition est au top, et me permettra de renforcer le passage à niveau des Avants, qui, au vu de photos, n’avait pas porté satisfaction l’an passé, et de plus, avoir non pas une, mais deux aides en plus au DES, une éternité que cela n’était plus arrivé.
Jeudi, prise du matériel à 8h, qui se compose de 250 piquets, 47 panneaux pour les équipages, 55 panneaux et 30 affichettes pour la sécurité public, 16 extincteurs, 6 drapeaux, 50 chasubles, 1 cale, divers outils (masses, balais, pelles), 3 tentes, et des bricoles, en essayant de caler méthodiquement le tout au mieux, dans un bus bien plus pratique que l'an passé. Je prends ainsi son volant pour les 2 jours de montage et d’exploitation. Sur la place de la gare des Avants, jour férié et donc, grosse affluence de touristes, qui ne permet pas de poser les vaubans, tout comme sur l’ensemble de la zone AES-STOP ; une véritable invasion de voitures ! Et bien sûr, j’ai oublié certaines choses importantes dans mon véhicule… A passé 16h30, nous plions bagage car nous ne pouvons rien faire de plus, et rejoignons le QG pour la soirée de présentation.
Vendredi 7h15, je reprends à nouveau le bus à Aigle, en y transférant tout ce qu’il me reste à prendre pour les commissaires et la journée, mais là… petit soucis… le témoin du liquide de refroidissement est allumé ; le niveau est 1cm en dessous du minimum ; retour à Collombey au garage attitré, où l’on n’a pas bien compris que pour nous c’est une urgence : 30 minutes de perdues... C’est donc ma 1ère adjointe qui a commencé seule la pose des vaubans. Arrivé sur place, il ne faut pas tarder, car nous devons impérativement faire quelques finitions, contrôler toute l’ES, poser du matériel sur les postes concernés par les zones de protection des sources, celui du STOP, et finir la zone AES-STOP. Pour cette dernière, l’heure avançant fortement, encore une fois, mon adjointe s’y collera seule. Pour nous, retour en arrière et arrivé au rendez-vous juste avant l’heure. Lors du briefing, qui comportait pour la 1ère fois des directives sur les véhicules électriques, j’ai notamment transmis ma lassitude de découvrir photos et vidéos au lendemain du rallye, d’un non-respect des consignes, et donc rappelé l’importance de l’écoute des infos données. Prémonition ?... 11h10, retour du rendez-vous, avec arrêt au passage à niveau pour les dernières instructions concernant la gestion public, et le fait qu’il y a toujours 2 voitures stationnées devant la gare sur le parcours, puis je rejoints la zone du départ pour la mise en place des tentes et du dispositif, alors que les communications radio sont comme bloquées… 11h30, heure de fermeture de route… toujours rien… je ne peux pas communiquer avec mon personnel, et m’assurer que tout est en place. Je contacte la Centrale, le 1er téléphone d’une longue série… De là, il faut informer toutes les voitures officielles d’avant course, sans oublier les autres infos de base. La personne des transmissions de mon ES fait les 100 pas, en contact avec un technicien qui doit effectuer des modifications sur une antenne relais. 12h15, la fermeture de route décalée pour les bordiers arrive à échéance, en espérant que les commissaires l’ont mise en pratique… puis, les 1ers signes de vie des communications se font sentir… péniblement… 12h37, la voiture DC2 à -30’ est neutralisée tant que la situation n’est pas acceptable, alors que les tests radios se poursuivent sans aboutir. 13h10, alors que l’on se pose de plus en plus de questions, miracle, le feu vert est donné par la DC, la H1 partira ainsi avec 25 min de retard. La situation va continuellement fluctuer jusqu’au 1er tiers des modernes, où là… je suis mis définitivement aux abonnés absents... La Centrale peut communiquer avec les postes, mais pour ma part, si j’entends tout, mise à part quelques zones d’ombre déjà constatées l’an passé, il devient impossible d’être entendu ; antenne télescopique, magnétique, sans les mickey,… rien n’y fait. C’est donc par téléphone entre l’adjoint DC du DES et la Centrale que les départs vont être annoncés, soit de la moitié du 1er passage au terme du 2e, ayant pour ma part, cette constante et fâcheuse impression d’avoir oublié de faire quelque chose en voyant disparaitre chaque concurrent 50m plus loin, ce qui va d’ailleurs passablement me perturber tout au long de la journée, car cette ES demande un suivi et une réactivité, essentiels en cas d’incident. A 2 ou 3 reprises, je m’attendais d’ailleurs à une annulation. Il fait grand beau, ça pourrait être pire.
Durant la journée, la Centrale me demande de bloquer les départs ; une voiture a arraché une roue 300m avant le point haut de l’ES, dont le commissaire est sur place. Comme la voiture gène dans une partie serrée, j’organise un dégagement rapide du véhicule par téléphone avec la Centrale. Les équipages s’étant avancés vers le départ pour écouter ce qu’il se passe et discutant de plus en plus entre eux et à haute voix, déjà tendu par la situation initiale délicate et la concentration déjà usée, j’ai été contraint de demander un peu sèchement et à haute voix le silence, croisant par la même occasion le regard des 4 observateurs FIA et des 2 commissaires ASS présents assez longuement sur notre DES, apparemment pas trop surpris de ma réaction. Autre événement, un mini-cône de guidage écrasé par un équipage, et signalé coincé sous la voiture par ma starter. Je me baisse, mais ne voit rien… mise à part, un pneu avant gauche qui semble dégonflé. Je fais le tour de la voiture, illusion d’optique, le pneu est bon, mais aucun cône visible. C’est alors qu’on me le montre, coincé au-dessus du pneu derrière l’aile avant. Sortira-t-il de lui-même ?... pas idéal. Je décide alors de bloqué leur départ pour l’enlever, sécurité avant tout. Il y aura également ce VHC, sorti de la route et posé latéralement contre un arbre, l’équipage est ok, mais probablement "sonné" après avoir travaillé en nocturne pour pouvoir prendre le départ, mais sur cette ES, il est souvent préférable de prendre un arbre que passer à côté… La réouverture de route a été prononcée à 20h25, avec grand soulagement d’une journée jamais vécue ainsi. Durant la réception du matériel, dont certains commissaires ont été bloqués par un dépannage d’équipage, on m’a fait part que notre montage avait été modifié par endroit, pouvant créer des confusions pour la sécurité des spectateurs et des équipages, sans raison, ni préavis… Au retour de ma 1ère adjointe et de son ami, je les ai libérés, et j’ai refait un dernier passage avec ma 2e adjointe, sortant de l’ES après 23h, alors que je dois encore passer par le parc concurrents pour y déposer une plaque d’immatriculation perdue par un équipage après avoir taper une barrière. Au final, tout c’est heureusement bien passé, mise à part les soucis de transmission, bien que c’était LE week-end à ne pas aller là-haut (week-end prolongé, le 1er chaud depuis longtemps, en pleine période des champs de narcisses…), avec quelques touristes mécontents, ayant longé le rallye après avoir franchi des interdictions.
Samedi 8h00, je reprends une dernière fois le bus. Avec ma seconde adjointe, qui n’avait finalement rien de prévu, nous ressortons les 250 piquets afin d’en faire des paquets de 10, avant de retourner l’ensemble du matériel au local, puis, lavage, plein de carburent et retour du bus à Aigle. Comme le Chef d’ES de Collonges n’a pas besoin de moi pour les finitions, je fais un bref passage dans les parcs, avant de le rejoindre pour le rendez-vous commissaire, où je serais Starter pour la seconde année, avec cette fois un départ par le chemin du haut, et donc, une moins bonne visibilité sur le trafic déjà dans la boucle. Le vent est au rendez-vous, mais l'équipe du matériel nous à fourni les sangles demandées pour haubaner les tentes, en nous créant même des sardines de combat. Mise à part un gros caillou reçu dans le tibia, tout c’est bien passé, le défi principal étant de perdre le moins de temps possible au fil des départs (manque de chance nous avons eu une casse au 1er passage des VHC) mais également le respect de l’heure de départ de la H1, soit la gestion des ouvreurs afin qu’ils occupent au mieux l’attente du public sans gêner l’horaire ; ce n’était pas trop mal, mais pas parfait, la 3e devrait être la bonne. Pour cette boucle, effectuée la dernière fois dans ce sens en 2014, quelques éléments ont changé. Tout d’abord, le rajout d’une chicane au Y de sortie, permettant à un équipage de ne pas être trop surpris par le freinage de celui de devant s’il emprunte la sortie. Ensuite, le CH a été rapproché du DES, chose gênante sur une Super ES car il y a souvent de l’attente, mais c’est une volonté car soit disant trop éloigné s’il est au début du chemin. Par contre, l’accès public depuis le parc spectateurs ayant été conservé comme l’an passé, l’affluence de ces derniers a gêné les équipages, et devrait donc être modifié l’an prochain. En fin d’ES, aide au démontage avec l’équipe de la Super ES, et retour à Aigle pour la fin de soirée.
"C'est le contact humain qui compte, c'est ce qui est enrichissant. Et surtout dans la famille du rallye on est tous égaux, si quelqu'un se prend pour une vedette, c'est lui qui va perdre. On n’aura pas cette relation enrichissante si on ne traite pas les gens correctement, tout est réciproque dans la vie." Ces paroles d’Ari Vatanen, vis-à-vis de sa présence et de sa disponibilité, me fait également penser à ma situation, soit une sorte de lassitude des préparatifs, des consignes données parfois négligées, mais un super esprit d’équipe, une envie continuelle de montrer la bonne voix à ceux qui m’entourent, adjoints comme commissaires, pour qu’ils progressent afin d’évoluer dans les meilleures conditions possible, et surtout, toujours ces retours d’équipages qui apprécient notre travail, et comme c’est pour eux qu’on le fait avant tout, cela motive à ne pas lâcher, même si parfois j’ai l’envie de redescendre d’un échelon.
Merci à mes adjoints, à nos officiels-bénévoles, à nos aides, et à l’équipe DC, car cette année, on a bien failli travailler pour rien… et merci aux compréhensifs bordiers, et à la famille Sottas > "La Biquette" < pour son geste sympathique.
www.rdch.ch
> FIA-ERT <
> FIA-ENEC <
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Prochaines manifestations :
Slalom de Romont – 15-16 juin
Slalom de Chamblon – 22-23 juin
Course de Côte de Massongex – 6-7 juillet
19:59 Écrit par JF dans Commissaire de piste | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook
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