28.06.2020
T'as où la saison ?
Pato, auto, boulo, dodo ; virus crado…
Chronique d’une saison pas comme les autres
Comme depuis bien des années, ma saison sécurité a débuté par les cours commissaires, pour lesquels j’officie en tant qu’instructeur. Une 17e saison qui s’annonçait bien fournie et variée, avec quelques bons espoirs d’améliorations suite à des contacts avec les organisations, ainsi que quelques changements, et malheureusement, pas moins de 7 cumuls !
Le 8 février, le cours de commissaire de piste s’est déroulé à Savigny ; il s’agit de mon 10e, le 5e en tant qu’instructeur, au sein de la classe "Théorie Générale et Signalisation". Suite à l’extension des locaux du L2, nous avons hérité d’une nouvelle salle de classe, où nous avons côtoyé 65 commissaires répartis en 4 groupes ; le 1er cours des débutants, le second pour la validation, et deux pour les renouvelants. Avec un cours identique pour tous, nous avons, avec la responsable de classe, adapter le rythme selon les groupes, tout en y mettant une ambiance décontractée afin que l’attention soit bonne jusqu’au bout, tout en y ajoutant quelques dessins au tableau, afin que chacun travail de la même façon sur le terrain. Deux incidents impliquant des inattentions de commissaires durant l’année ont également été rapportés, afin de les sensibilisés à l’importance de leur fonction, étant donné qu’ils ont eu des conséquences directes, notamment sur l’équité sportive.
Et puis… tout s’est accéléré… avant de ralentir… inexorablement… 4 mois jour pour jour après la 1ère restriction du Conseil Fédéral, la situation s’est un peu (trop ?) détendue, mais une vigilance particulière doit être conservée, car comme pour nos forêts, elle pourrait très vite se ré-enflammée. Petit retour sur cette période très… très particulière… dont les décisions prisent, suite à l’enchaînement des événements, resteront bien évidemment dans tous les esprits, avec une intensité propre à chacun d’entre nous, selon notre situation privée et/ou professionnelle. Je ne vais pas vous refaire le suivi des événements au jour le jour, car bien qu’il retranscrirait parfaitement mon ressentit, cela prendrait probablement 3 à 4x plus de volume, donc voici en mode un peu plus compact, comment mes activités ont été impactées, séparé dans l’écrit, mais bel et bien vécu en même temps dans la réalité...
La 1ère a été le hockey sur glace, étant chronométreur et responsable de cabine pour le HCV Martigny, qui joue en MySports League, soit en 3e division, dans un championnat national dirigé par la ligue régionale (Regio League). Le 28 février tombe l’interdiction des manifestations de plus de 1'000 personnes. Le soir même, les clubs de ligue nationale sont contraints par la ligue de jouer à huis clos. Le lendemain, jour du 1er acte de notre Finale, la ligue nationale interrompt le calendrier afin de se réunir pour discuter de la situation, car personne ne souhaite finir le championnat ainsi. La MySports dépendant d’eux pour la phase de promotion, fait de même. Le 2 mars, soit 2 jours plus tard, alors que l’OFSP sort sa seconde affiche qui passe du jaune au rouge, avec demande d’abandon des contacts physiques, décision est prise de faire une pause et d’observer la situation. En MySports, on décide tout de même de débuter la Finale les 12 et 14 en attendant de voir la suite, avec un maximum de 900 spectateurs, les 100 autres correspondant aux joueurs, arbitres, staff, membres de la sécurité, et officiels que nous sommes au chronométrage. Entre temps, j’ai encore effectué 1 match en aide avec les U17, et 2 avec ma seconde équipe (sur 3) que sont les U20, dont le dernier le dimanche 8, alors que l’OFSP a sorti entre temps une 3e affiche avec consignes de distanciation, car les chiffres gonflent jour après jour. La rondelle est lancée, et on sent qu’elle prend de la vitesse… l'envie n'y est plus... Le 12, à nouveau jour de Finale, mais la ligue s’est une fois de plus réunie en urgence, car le Tessin vient d’interdire toute manifestation. Résultat : annulation, cette fois définitive et immédiate, et pour l’ensemble des ligues. Un coup dur pour les clubs, au moment des plus grosses affluences de la saison, qui pour moi se termine, sans aucun regret au vu de la tournure, mais avec une sensation étrange, après 65 matchs, le plus gros chiffre de ses 4 dernières années qui était en chute libre, alors qu’il manque du coup 2 à 6 matchs pour la Finale et le barrage de promotion. Si, un regret tout de même, de tout apprendre par les médias.
Les courses automobiles auraient pu être concernées en 3e, mais elles sont bien en 2e, car bien que le 10 mars l’ASS annule tous ses cours, l’AOR quant à elle, confirme le maintien de celui de commissaire spécialisation rallye du 14, qui devrait accueillir 23 commissaires et 7 responsables d’épreuve, plus les organisateurs, instructeurs, et cours annexes (chrono, parc, co-pilote). J’ai alors demandé s’il était possible, selon les salles attribuées, de distancier les participants ; la réponse ne m’a pas vraiment rassuré... De là, et avec les rebondissements de la semaine (arrêt du hockey sur glace, séance d’information urgente au job, annulation anticipée de Reitnau, interruption des cours au service du feu,…), j’ai été à un rien de me retirer du cours rallye, ne comprenant pas comment il était possible de l’effectuer selon les directives fédérales, et… sereinement… surtout que les cas sont en hausse, particulièrement sur Vaud et Genève. La roue est lancée, et on sent qu’elle prend de la vitesse… l'envie n'y est pas du tout... Le vendredi 13, veille du cours, alors que la situation se dégrade très fortement, le Conseil Fédéral durcie ses 1ères décisions, en interdisant les manifestations de plus de 100 personnes. L’Etat de Vaud lui, comme d’autres, sera plus restrictif en mentionnant le chiffre de 50. Le cours ne peut donc plus avoir lieu et est annulé en milieu d’après-midi, avec soulagement, mais trop tardivement à mon goût ; sans ces nouvelles restrictions, et sans la "réquisition" des locaux par l’Etat-Major Cantonal de Conduite, il aurait probablement été conservé… L’agenda s’est donc subitement vidé, zébré de coups de stylo rouge, entre manifestations interdites, ou ne pouvant/voulant pas prendre de risque.
Il fait beau et chaud… il faut se faire une raison, il était impossible que le Crité se fasse dans de telles conditions météorologiques… Même si je m’y attendais, l’annonce de l’annulation du Rallye du Chablais à la radio, m’a tout de même fait bizarre, car c’est un peu mon rallye, celui où j’ai cumulé les 1ères. L’impression surréaliste d’être dans un film… mais en même temps, le moment où je savais qu’il ne fallait plus rien attendre. Une question restait ouverte, tout cela allait-il me manquer ? Même si la période estivale allait être longue, car habituellement occupé quasi tous les week-end, le fait d’avoir été concerné dès le début avec la situation du hockey, de ne pas avoir participé à la 1ère séance du Crité, n’étant ainsi pas entré dans le processus, et de plus avec les craintes du cours AOR, hé bien pour l'instant, pas vraiment. Je me suis assez vite fait une raison, voyant très rapidement que la situation n’allait pas durée des semaines mais des mois, préférant me dire qu’il n’y aurait rien, avec une éventuelle bonne surprise en automne, que d’espérer et attendre quelque chose qui ne viendrait pas. De plus, cette pause forcée n’est peut-être pas un mal, et arrivée au bon moment pour moi. Restait à la défier mentalement, et pour l’instant tout va bien. Sont ainsi tombées (à l'heure où j'écris), 17 manches des Championnats Suisses de Slalom, Côte et Rallye sur 21, 10 sur 12 en Romandie, et me concernant 18 manifestations sur 23… Avec le retour des manifestations de 300 personnes, le Rallye du Chablais a transformé son souper de remerciement en soirée de retrouvailles qui a fait du bien, dans le respect des règles, et c’est préférable vu que de nombreux petits foyers d’infections sont actifs notamment dans le Bas-Valais. Si les comportements ont été bons, certains contacts physiques se sont tout de même effectués ; de manière isolée… bon, mais à tous ceux qu’on croise… bof… car c’est justement le risque de transbahuter le virus à toute la salle… et au-delà… en mettant des centaines de personnes en quarantaine…
Le 3e et dernier domaine concerne bien entendu le boulo, qui nous a transmis dès le début les affiches de l’OFSP, avant de nous donner des instructions en cas d’auto-isolement et de mise en quarantaine. La veille du fameux vendredi 13 mars, un séminaire des cadres est annulé, et remplacé par une séance d’information par groupe de 20 personnes, dont les chaises ont toutes été dispersées ; il y aurait des suspicions dans la Vallée. Le télétravail est déjà prévu par la Direction, et sera testé le lendemain pour ceux qui en ont le matériel. Dimanche 15, alors que certains Cantons décident la fermeture de leurs commerces, la Commune sur laquelle je travaille lance un appel à faire pareil, car de nombreux cas suspects se sont révélés positifs. Ça ne sent vraiment pas bon du tout… Le lundi 16, alors que certaines entreprises locales de génie civil ont décidé d’une relâche d’une semaine, les 3/4 de mes collègues ont débuté le télétravail à domicile ou dans d’autres lieux. Les événements qui se succèdent à une vitesse folle, y.c. dans l’ensemble de mes activités, font l’environnement extrêmement particulier, et le sommeil en est perturbé… A midi, le restaurant presque vide sert ses derniers repas, la fermeture est imminente suite à la réception d’un avis. En début d’après-midi, le Conseil Fédéral décide de mettre un terme aux disparités cantonales ; c’est la fermeture générale, avec interdiction de rassemblement. Une solution ayant été définie et du matériel trouvé, j’ai dû attendre le mardi de la semaine suivante pour débuter le télétravail. Entre temps, dans un bureau tout neuf de type Open Space, dont nous avions pris possession 4 semaines plus tôt, sur 30 personnes à l‘étage, nous ne sommes plus que 5… Je sors sur le terrain pour faire des compléments de relevés de l’an passé, probablement les derniers… ; pas un chat, quelques promeneurs isolés çà et là. L’impression d’être dévisagé derrière un volet, et de voir passer comme dans les Western une boule de végétation emportée par le courant… Atmosphère de digue… Finalement on n’est pas si mal dans ce grand bureau vide... J’ai par la suite été implanté un chantier pour des fouilles en zone rurale, qui devraient débuter la semaine suivante, permettant ainsi de se libérer un peu l’esprit sous un soleil radieux. Les cas positifs sur la Commune se sont encore multipliés, dû en partie à l’affluence dans les pubs début mars, ainsi qu’au retour en masse des locations de matériel, de suite après l’annonce de fermeture du domaine skiable. 4 collègues ont d’ailleurs été confirmés positifs, avec de forts symptômes qui ont duré plus de 40 jours, et plusieurs ont été assignés à domicile par précaution. Pour moi, le télétravail, sur du mobilier et un PC portable pas trop adaptés à ma fonction et à mes programmes techniques, a duré 10 semaines, soit 45 jours ouvrables, avec tous les 2 à 3 après-midi, une sortie pour les relevés de chantier, et heureusement, car si non j’aurai pété un câble… Le plus dur ayant été de ne plus avoir de coupure boulo/maison, dont j’ai besoin chaque soir. Mise à part quelques éléments, avoir eu du boulo en continu, des moyens de protection et des informations régulières de la Direction était top. Mais l’important était, et est toujours, de ne pas ramener le virus à domicile.
Si dans les Communes et sur les réseaux sociaux la solidarité s’est installée, il y a aussi eu les traditionnels blablas… les "moi Président…", les idéalistes qui régleraient tout en 2 semaines… bref… étonnant de voir que subitement, les révoltés du système encouragent à une privation totale, alors qu’ils l’a contestent tout le reste de l’année. La "partagite aigüe" est également de retour comme à chaque grande occasion, on ne vérifie pas l’info, on balance tout ce qui passe sous notre doigt ou souris ; est-on vraiment conscient de la situation ? Il a fallu 4 mois à la Chine pour que le problème commence à devenir maîtrisable, alors que chez nous cela ne faisait que 25 jours… Le gros… heu pardon… l’enrobé avait raison : "Ils sont fous ces Helvètes"… Entre temps, face à une situation inédite et inconnue, les décisions ont permis au front de se réorganiser afin de gérer et contenir au mieux une situation, qui se dégrade à nouveau peu à peu, alors que l’on est maintenant sensé savoir comment s’en protéger…
« Agir aussi vite que possible, mais aussi lentement que nécessaire », ou… retour en prison sans passer par la case départ… car il n’y a actuellement aucune certitude… sauf que ce n’est pas fini…
19:53 Écrit par JF dans Commissaire de piste, Hockey sur glace | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook
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